Changing path without really changing. Voluntary career changes among managerial elites through the prism of socialisation
Bifurquer sans trop changer. Les reconversions professionnelles volontaires parmi les élites managériales au prisme de la socialisation
Résumé
This thesis is dedicated to the analysis of the career change processes of socialisation among managerial elites, by examining how this form of mobility has become possible and materializes in the most qualified populations, even though it was originally thought of as a collective instrument of reclassification for low-skilled populations. Employing a mixed-methodology approach combining quantitative, ethnographic, and interview data, and integrating sociology of life course with that of socialization, this thesis aims to enrich the analysis of executive careers by exploring multiple perspectives and analytical scales (macro, meso, micro, and temporal). The first part of the thesis examines the career norms prevailing within managerial elites. It illustrates that professional reconversion ultimately represents an extension of the boundaryless career norms already deeply internalized prior to the career transition. It subsequently aims to highlight the norms of the "ideal reorientation path" as conceptualized and pursued by managerial elites. The second part of the thesis aims to demonstrate the central role of social capital and its mobilization in the internalization of these norms and "best practices" of career change. Finally, a last section investigates how certain past socializations ultimately act as "bridging factors" in these trajectories. Various dispositions internalized over individual trajectories within multiple socialization contexts can indeed manifest in the context of career change and in the selection of a new profession. The thesis's final chapter proposes reflections on the potential transformative effects of career change at the individual level and ultimately shows shows that, apart from their relationship to work, the career changes we have observed consist mainly of changing careers in order not to change.
Cette thèse est consacrée à l’analyse des processus de socialisation à la reconversion professionnelle au sein des élites managériales. Elle examine comment cette forme de mobilité est devenue envisageable, ainsi que la manière dont elle est pensée et pratiquée chez les populations les plus qualifiées (ici des diplômés de grandes écoles de commerce et d’ingénieurs), alors même qu’elle était considérée à l’origine comme un instrument collectif de reclassement pour des populations peu qualifiées. Adossée à une méthodologie mixte qui combine des données quantitatives, ethnographiques et issues d’entretiens, et articulant la sociologie des parcours de vie avec celle de la socialisation, cette thèse vise à enrichir l’analyse des carrières des cadres, en multipliant les angles de vues et les échelles d’analyses (macro, méso, micro et temporelles). Une première partie de la thèse interroge les normes de carrière qui prévalent au sein des élites managériales. Elle démontre que la reconversion professionnelle s’apparente finalement à une forme de prolongement des normes de la carrière nomade déjà fortement intériorisées en amont de la bifurcation. Elle vise ensuite à mettre en lumière des normes du « bon parcours de reconversion », tel qu’il est pensé et réalisé par les élites managériales. La seconde partie de la thèse aborde la dimension relationnelle de la socialisation à la reconversion professionnelle et entend montrer le rôle central du capital social et de sa mobilisation dans l’intériorisation des normes et des « bonnes pratiques » de la reconversion. Enfin, une dernière partie questionne la rupture apparente que représente la reconversion professionnelle. Bien que les personnes interrogées perçoivent cette transition comme une rupture de plus ou moins grande ampleur, une étude des parcours antérieurs, depuis les origines familiales, permet de montrer comment certaines socialisations passées œuvrent finalement comme des « traits d’union » dans ces parcours. Enfin, la thèse propose de réfléchir aux éventuels effets transformateurs de la reconversion au niveau individuel et montre finalement qu’en dehors du rapport au travail, les reconversions professionnelles observées consistent majoritairement à bifurquer sans trop changer.
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