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Spécialité : Travail social, action sociale et société Directeur : Ginette Francequin Annexes : bibliographie, annexes Résumé : Alors que le genre féminin a de manière générale, investi de plus en plus hors de la sphère privée, la séparation sexuée de l'espace est réintérrogée. Il est en effet repéré depuis les années 1990, un retrait progressif de certaines filles de l'espace public, et des violences sexistes sont mises en avant à l'école, pour justifier la mise en cause de la mixité. Ainsi, alors que la partition des espaces selon le genre, qui n'est pas un phénomène nouveau, s'est réduite avec la scolarisation massive des filles et le travail féminin ; il serait nécessaire au même moment, de répondre à la domination de l'espace en séparant les filles et les garçons dans des espaces différents. Mais, accepter une partition de l'espace, c'est accepter le discours centré sur la domination. Discours qui stigmatise les garçons et fige les filles dans la passivité. Or, si les filles sont victimes de violences, si elles rencontrent des difficultés à circuler et à investir des lieux ; elles mobilisent aussi des ressources. Nous avons donc, en faisant appel à l'approche interactionniste, à l'anthropologie et à la géographie, questionné les difficultés et les ressources que les filles mobilisent dans l'usage qu'elles font de l'espace et étudié l'aspect complémentaire, relationnel, de "l'arrangement des sexes". À partir d'un recueil d'informations issu de quatorze entretiens semi directifs auprès de jeunes collégiennes et lycéennes issues de catégories sociales différentes et résidant dans des lieux différents, nous avons tenté de repérer comment des jeunes filles s'approprient, font usage et sont en relation aux autres dans ces espaces. Nous verrons ainsi, que l'usage de l'espace par les filles ainsi que les interactions crées dans ces espaces, sont conditionnés par les normes liées au genre et marqués par des différences et des inégalités. Et que cet usage, par un effet réflexif, reproduit et renforce le genre. L'éducation familiale visant à maintenir les filles dans l'espace privé et à les prémunir de l'usage des espaces publics, renforce l'identité de genre en conditionnant leur perception des espaces communs comme des espaces dangereux a priori. L'espace de la "coexistence" a montré que les interactions, en particulier à l'école, étaient largement sexualisées et empreintes de domination. Les filles y subissent un contrôle sexué qui passe par un contrôle du corps. L'usage de l'espace y est conditionné par les appartenances sexuelle et sociale, qui se superposent. Cependant, si les filles sont dominées, elles ne sont pas pour autant passives et mobilisent des ressources, tant dans l'espace privé que dans les espaces publics. Elles sortent quand même, en faisant preuve d'une vigilance constante et mobilisent divers types de ressources, qui ont souvent une dimension sociale. À l'école, les jeunes expérimentent les relations, notamment par le "jeu" des échanges verbaux, créant un espace "où tout est possible". Les entretiens ont montré que les filles tentent de minimiser l'impact des contraintes, en jouant des frontières de genre, de l'espace, des institutions pour se créer des espaces de liberté. Elles "retournent" la domination en se l'appropriant et en jouant. Ces constats permettent de poser la question de la liberté, de l'égalité d'accès et d'usage des lieux communs par les filles et de leur liberté de circuler. Ils permettent par ailleurs de penser que la gestion politique de la différence des sexes, peut s'opérer autrement qu'en effectuant une partition spatio-temporelle des jeunes des deux sexes. Un "vivre ensemble" est possible malgré les différences ; il n'est pas inévitable de vivre "entre mêmes" pour se prémunir a priori d'un "risque mixité". À l'heure où des réponses sécuritaires sont apportées au "désordre", où l'on propose de séparer, d'enfermer, de réprimer, il n'est pas inévitable de se re-tourner vers un "ordre" ancien et nostalgique. Mais il serait utile d'interroger les rapports de pouvoir existants qui laissent le face à face entre genre sans médiation, générant ainsi de la violence et restreignant l'usage de l'espace par les filles. [résumé de l'auteur] Indexation libre de l'auteur : Genre, espace, contraintes, ressources, coexistence.