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Tomaison : n° 150, oct. 2011 Format : Grand format Résumé : La catégorie des "non-salariés"ou des "indépendants" varie selon les limites professionnelles ou statutaires qu'on lui fixe et présente en son sein une forte hétérogénéité de niveaux de diplôme, de revenus, de professions. Après avoir opté pour une définition* sur laquelle appuyer ensuite leur repérage statistique, ce texte pose deux questions : est-il possible de dessiner les traits d'une spécificité de santé de ce groupe si divers et mouvant ? Comment comprendre les conséquences de l'éventuelle survenue d'un problème de santé sur la situation professionnelle des indépendants, en intégrant à l'analyse la spécificité de leurs conditions de travail ? Nous y répondons en mobilisant les réponses aux trois questions du mini-module européen de santé, telles qu'elles sont recueillies dans l'enquête Handicap santé ménages de 2008 (HSM, Insee-Drees-Irdes) et l'enquête Santé et itinéraire professionnel (SIP, Dares-Drees-CEE, 2006). La première des deux questions reçoit une réponse paradoxale : bien que relativement âgés par rapport aux autres actifs occupés, les indépendants se distinguent par un état de santé situé entre celui des cadres (le meilleur) et celui des salariés non-cadres. L'observation est confirmée pour ce qui concerne la déclaration de limitations fonctionnelles, en raisonnant à sexe, âge, niveau de diplôme, niveau de vie et couverture complémentaire santé donnés. Le statut perd en revanche de sa pertinence pour expliquer ces limitations, lorsque l'on contrôle aussi les maladies chroniques et la santé perçue. Dans la même analyse, les spécificités de santé des cadres en tant que cadres (c'est-à-dire liées à leur statut d'emploi) persistent et sont beaucoup plus marquées que celles des non-salariés. La bonne santé relative des indépendants invite à chercher l'éventuel effet d'une sélection par la (bonne) santé. Selon cette hypothèse et en cas de problème de santé, les indépendants se replieraient sur des emplois salariés, dont la couverture "maladie" est économiquement plus favorable, les mieux-portants constituant le tout de l'effectif non-salarié. Sans pouvoir apporter des réponses aussi fermes que si, par exemple, nous suivions une cohorte d'actifs en emploi, nous ne confirmons pas l'existence d'un effet de sélection massif. Lorsque survient une maladie, les non-salariés tendent à devenir plus souvent inactifs qu'à (re)devenir salariés et également plus souvent et plus rapidement inactifs que les salariés eux-mêmes en pareil cas. Se lisent dans ces résultats des effets composés de la structure d'âge de ces deux populations, ainsi que des contraintes et des marges de manoeuvre associées aux conditions de travail des non-salariés, sur lesquelles à ce stade nous formulons des hypothèses, à tester et approfondir par des explorations ultérieures. * Ici, les "indépendants" englobent : les personnes qui déclarent aider un membre de leur famille dans son travail sans être rémunérées (aides familiaux), celles qui se déclarent "chefs d'entreprise salarié-es, Pdg ou gérant-e-s minoritaires, associé-e-s", ainsi que les "indépendant-e-s, à leur compte". [résumé des auteurs]