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Auteur(s) : COURONNÉ Julie
: Conservatoire national des arts et métiers, 2015
Directeur : Chauvière, Michel et Becquemin, Michèle
De nos jours, alors que les enfants n'ont jamais été autant scolarisés, les manquements à l'obligation scolaire sont érigés en problème public. Pour en comprendre les enjeux, nous avons tout d'abord retracé l'histoire de la construction de ce problème public depuis les lois Ferry qui introduisent l'obligation d'instruction. Quel regard portait-on alors sur les enfants "absentéistes" ? L'examen des lois, des orientations politiques et institutionnelles montre que les absents de l'école sont, durant plusieurs décennies, plutôt associés à une enfance victime, les rendant ainsi susceptibles d'être protégés. En revanche, depuis les années 1990, ils sont davantage considérés comme une fraction de l'enfance perturbatrice et une menace pour la sécurité civile, impliquant la nécessité de mieux les repérer et de les surveiller. À partir de ces bases sociohistoriques, cette thèse présente les résultats d'enquêtes ethnographiques, consistant à cerner les répercussions des injonctions politiques sur les pratiques de quatre groupes professionnels : conseillers principaux d'éducation (CPE), surveillants, assistantes sociales scolaires et éducateurs de prévention spécialisée. Les métiers traditionnels (CPE, assistant social scolaire, surveillant) voient leurs missions aspirées par le traitement des manquements à l'obligation scolaire. Sous l'effet de la complexification des organisations du travail, le collège se fait de plus en plus gestionnaire. Les CPE organisent et planifient le contrôle de masse des absences au sein des établissements tout en repérant les "absences à risque". Les surveillants, quant à eux, endossent plusieurs rôles : maintien de l'ordre, éducation et protection. Ils développent des compétences dans ces trois domaines pour prendre en charge les "absentéistes", y compris ceux qui sont considérés comme étant « en danger ». Les assistantes sociales scolaires relevant de l'Inspection académique font évoluer leur philosophie d'intervention initiale pour jouer un nouveau rôle institutionnel : celui du rappel à loi des parents et des enfants qui n'auraient pas respecté l'obligation. Dans ce paysage en mouvement arrivent de nouveaux intervenants qui relèvent de la Protection de l'enfance. C'est le cas des éducateurs de rue. Ces derniers dérogent à quelques-uns de leurs principes d'action pour collaborer avec les acteurs de l'école, en tentant de maintenir pour certains enfants des scolarités acceptables, même si elles demeurent irrégulières.En conclusion, la thèse montre que la rencontre entre l'Éducation nationale et la Protection de l'enfance, si elle est nécessaire, reste problématique.