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Directeur : Lazzeri, Christian
Cette recherche en théorie sociale trouve sa source dans un problème classique livré notamment par la pensée de Hobbes, celui de la possibilité de l'ordre social – l'ordre social étant ici conçu comme une situation sociale où les membres d'un groupe parviennent à vivre ensemble de manière relativement pacifique. Elle se penche, plus précisément, sur des théories qui, bien qu'issues de traditions de pensée très différentes, proposent une même formulation critique et restrictive de ce problème : ces théories infirment l'idée que cet ordre (ou du moins toute situation d'ordre social) pourrait être produit de manière intentionnelle et invitent ainsi à envisager des mécanismes de production non intentionnelle de ce dernier. Cette enquête ne prétend nullement réaliser un panorama exhaustif des différentes pensées ou théories qui ont pu défendre cette hypothèse de l'ordre spontané. Elle s'attache avant tout, en s'appuyant sur les théories de B. Spinoza, B. Pascal, A. Smith, É. Durkheim, F. A. von Hayek et N. Luhmann, à établir les termes d'un débat au sein de cette perspective. Elle dégage pour ce faire les prémisses théoriques qui, chez ces auteurs, conditionnent des types spécifiques d'analyse des mécanismes d'auto-organisation. Ce travail dégage notamment deux courants adverses au sein de ces théories. Le premier, dans lequel on inclut les projets d'Hayek et de Luhmann, défend, en se fondant sur le constat d'une spécificité des sociétés modernes, l'hypothèse que leur ordre ne peut pas reposer, ou du moins pas essentiellement, sur un contrôle social exercé sur l'individu. Le second, dans lequel s'inscrivent les pensées de Durkheim, Smith, Pascal et Spinoza, met en exergue ce que nous nommons le "problème des passions", et soutient au contraire l'idée que ce contrôle constitue une condition essentielle de cet ordre. Tandis que le premier courant insiste sur la nature cognitive des mécanismes de production non intentionnelle d'ordre, le second souligne leur dimension affective.