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Résumé : À partir d'une enquête de terrain réalisée dans l'un des derniers bastions de l'industrie navale française, à Saint-Nazaire, cet article réinscrit le recours aux travailleurs détachés dans une sociohistoire de la construction navale. Depuis les années 2000, la gestion de la main-d'œuvre aux Chantiers de l'Atlantique [2] est marquée par le recours croissant à la main-d'œuvre étrangère, favorisé par le développement de la sous-traitance internationale en chaîne. Aujourd'hui, le détachement est un rouage structurel de l'organisation des chantiers et il constitue même, de l'avis de certains acteurs patronaux et politiques, la planche de salut des chantiers de Saint-Nazaire. À la croisée d'une analyse des changements productifs, de l'organisation du travail et des modalités de recours à la main-d'œuvre étrangère sur les chantiers, notre enquête, qui a démarré à l'automne 2020, contribue à la compréhension des transformations des politiques d'immigration de travail en France et en Europe. Le détachement, conséquence et condition d'un recours structurel à la sous-traitance dans l'industrie, relève pleinement d'une forme de "délocalisation sur place". Ce cas interroge les propriétés spécifiques de cette forme de mobilisation d'une main-d'œuvre étrangère par rapport à des formes plus canoniques de la migration de travail, au regard notamment de la place de la régulation étatique et de la capacité des employeurs à contrôler la mobilité du travail. [résumé auteurs]