Directeur : Olivier, Alain Patrick et Lardic, Jean-Marie

Entre 1987 et 2017, le philosophe allemand Axel Honneth a souhaité – s'inspirant du modèle de la lutte pour la reconnaissance réciproque développé par le jeune Hegel – redonner un nouveau souffle à la théorie critique francfortoise, en voulant dépasser les apories du modèle habermassien de « l'agir communicationnel », qui ne s'était en rien montré opératoire, pour contrecarrer les logiques de domination sociale présentes dans toutes les sphères des sociétés capitalistes. Ce faisant Honneth a développé - au cours de trois périodes successives – trois formes paradigmatiques différentes du concept de « reconnaissance ». Si - au cours de ces trois périodes couvrant les trente dernières années - Honneth est resté logique et rigoureux dans son outillage descriptif, si de même l'enrichissement permanent de sa « grammaire morale des conflits sociaux » est resté l'outil principal de ses analyses, les visées épistémologiques et conceptuelles de son modèle, ont-elles changé ? Par le passage du premier modèle de « la lutte pour la reconnaissance » au deuxième modèle d'une « éthique démocratique de la reconnaissance » puis enfin à un troisième modèle (normatif) du « paradigme de la reconnaissance », Axel Honneth a opéré un changement radical à trois niveaux, considérés comme invariants épistémologiques de la théorie critique francfortoise. Notre recherche – en déconstruisant chronologiquement et rigoureusement chaque modèle successif – cherchera à identifier entre conflit (épistémique), détour (conceptuel) et tiers (méthodologique), les apories et limites du dernier modèle, qui paradoxalement assigne dès lors à sa philosophie sociale, une dimension plus normative qu'émancipatrice.