Annexes : notes, bibliographie
Format : Grand format

Résumé : À la différence de la question sociale, du socialisme, du biologisme ou encore du racisme, les relations entre sociologie et "question féminine", l'un des enjeux savants et politiques les plus aigus de la troisième République, n'ont guère suscité de commentaires au sein des études durkheimiennes françaises contemporaines. Pourtant, dès 1973, P. Besnard a ouvert le débat en montrant qu'élucider cette relation complexe était un enjeu majeur pour pouvoir lire sans contresens des oeuvres comme Le suicide de Durkheim. Cet article propose de prolonger les réflexions en examinant les travaux d'E. Durkheim et surtout ceux, plus méconnus, des durkheimiens. Contrairement à ce que laissent penser certains commentaires tentés d'assimiler le point de vue d'E. Durkheim sur les femmes à une conceptioin conservatrice, il apparaît, à en juger par les avis dispensés sur le divorce et l'éducation sexuelle, que les options retenues par le père de l'école française de sociologie sur la question féminine sont à la fois plurielles et nuancées. Les durkheimiens ont pu tirer profit de manières fort différentes des arguments de leur aîné afin de rendre raison des relations de sexe. Quand ils n'ignorent pas la question féminine, certains - dotés d'un profil de "chercheurs" - traitent des rapports hommes/femmes sur un registre d'anthropologie fondamentale en laissant largement intacte l'énigme sociologique que, aux yeux de leurs contemporains, constitue la femme. Tout en entretenant un rapport distancié et variable avec le féminisme, d'autres (les "universitaires") ont davantage pris au sérieux la question féminine, mais d'une manière qui peut paraître insatisfaisante. À la différence des chercheurs, ils se démarquent plus radicalement du sociologisme durkheimien et, surtout, ils ne proposent pas de traitement scientifique approfondi de la femme et des rapports hommes/femmes. Plusieurs de leurs intuitions restent néanmoins d'actualité. [résumé des auteurs]